Cordes: Bastide, castrum et ville neuve. Urbanisme medieval.

géographie : départ. du Tarn
fondation : 1222
fondateur : Raymond VII Comte de Toulouse
charte : 1222 (?)
site : pech de Mordagne
Tracé : modèle "bastide de Hauteur"

histoire : S

- Castrum de "St Marcel" détruit par Simon de Monfort en 1214.

- Créée par Raymond VII, comte de Toulouse, en 1222..et charte la même année (?).

- Remise au roi de France en 1229 par le traité de Paris, en même temps que Penne et ...d'autres places fortes.

- A la mort de Raymond VII, sa fille Jeanne de Toulouse - marié à Alphonse de ...Poitiers (frère de Louis IX) - en hérite..

- A la mort du couple, en 1271, le titre du Comte de Toulouse revient au roi de France.

Plan "modèle en hauteur"

Le réseau des rues et le parcellaire sont tracés en fuseau selon les courbes de niveau, avec axe principal unique ou double menant à la crête

Plan de Cordes

Quelle a été la première des bastides?

Maurice Berthe. ln Sempre los camps auràn segadas resurrgantas. Mélanges offerts à Xavier Ravier, Etudes réunies par Jean-Claude Bouvier, Jacques Gourc et François Pic. p. 599-608. Toulouse: CNRS, Université de Toulouse Le Mirail. (collection Méridiennes).

Depuis les travaux de dom Vaissette et Devic au X/Xe siècle et ceux de Charles Portal au début du XXe siècle, la ville de Cordes (actuellement Cordes-sur-Ciel) dont la charte fondatrice date de 1222, était considérée comme la première bastide.

La question est débattue depuis les travaux de Maurice BERTHE, professeur émérite de l'université de Toulouse II-IeMirai!. Dans cet article, celui-ci développe une argumentation démontrant qu'en fait Cordes est un bourg castral, la première bastide étant alors L'Isle-sur-Tarn fondée après 1229, date du Traité de Paris considéré comme l'acte de naissance des bastides.

L’auteur souligne un certain nombre d'éléments qui l'ont amené à cette conclusion : Les textes médiévaux relatifs à Cordes n'emploient jamais le mot bastide, mais castrum ou castel; le texte de la charte de 1222 n'utilise que le terme castrum ; les textes des siècles suivants parlent de ville.

Maurice BERTHE précise en outre que Cordes rassemble tous les attributs d'un bourg castrai, avec notamment un premier consul chevalier une organisation militaire des paroisses, des fortifications dès sa création et d'autres éléments consacrant sa vocation de place forte, ainsi que des attributs économiques (marchés, foire, halle, système de poids et mesures, commerce et artisanat actifs), jusqu'à quelques traces, repérées récemment dans des textes, d'un château aujourd'hui disparu.

Dès lors, pourquoi a-t-on pu qualifier de bastide Cordes qui n'en possède pas les caractères, ni même le plan ? Des historiens connaissant mal les castra ont assimilé aux bastides tous les bourgs créés au treizième siècle avec des chartes de coutumes ; confusion explicable car les bastides avaient les mêmes fonctions que les castra, sauf les fonctions militaires et de défense (villas non infortiatas).

En fait, les bastides correspondaient à une nouvelle forme d'urbanisme, libérée de la contrainte technique et financière de fortifier les villes après 1229.

Les textes n'ont pas utilisé à l'origine le mot bastida (apparu seulement vers 1250), mais villa, voire castrum.

Le phénomène des bastides a donc déjà posé problème en son temps, et les habitants des villes nouvelles du treizième siècle n'avaient sans doute pas conscience d'une typologie précise et cloisonnée de ces fondations, typologie qui a été inventée par les historiens pour essayer de comprendre le pourquoi et le comment de la création des villes au Moyen Age.

L’histoire est une éternelle remise en question des savoirs. C'est ce que propose Maurice BERTHE dans cet article, à propos des bastides, par une relecture des sources et une mise en perspective nouvelle des connaissances actuelles à la lumière des acquis de chaque génération de chercheurs.
MM..

In « info bastide » n° 58 du CEB

Carte des bastides dues à Raymond VII de Toulouse