Washington et Saint-Pétersbourg ont, pour un œil non
averti, peu de point en commun. Pourtant, après une rapide
lecture du cours de M. Yérasimos…oh surprise, ne
s’agirait-il pas par hasard de deux villes régulières,
autrement dit « planifiées » ? Mais la ressemblance ne
s’arrête pas là. En effet, que ne fut pas ma surprise !?!
quand j’appris que ces deux capitales furent bâties lors du
même XVIIIème siècle, et que leurs principaux concepteurs
étaient originaires de notre beau pays…
Ces deux architectes firent ainsi les beaux jours de la «
planification » à la française. L’organisation urbaine qui
en découle est très fortement influencée par le végétal et
les théories du paysagisme héritées ou contemporaines.
St-Pétersbourg, une capitale d’empire conçue
comme un jardin royal.
En 1703, Pierre Ier décide d’installer sur le delta de la
Neva sa future capitale. Mais ce n’est qu’en 1716 qu’il
trouve le « planificateur » qu’il cherche, en la personne de
l’architecte J.B Le Blond. Alors que, les travaux de
drainage et de creusement des canaux, par l’architecte
Italien Domenico Trezzini, sont déjà bien entamés,
l’empereur demande à Le Blond de lui proposer un plan
d’ensemble, tourné vers la modernité.
Cependant, le projet se vit obliger de proposer un mode de
distribution et de répartition très précis de la population.
En effet, la consigne du Tsar fut claire, il fallait
rassembler les ethnies en les tenants séparées dans des
«ghettos» afin d’éviter toute friction. Chaque quartier
devait disposer de son propre marché, de son terrain de jeux
et de son lieu de culte.

Très influencé par les travaux de Le Nôtre, Le Blond va
transposer les haies en bâtiments, les massifs végétaux en
quartiers. L’art des jardins servira à dessiner la capitale
de l’empire russe.

Le projet de LeBlond

Au centre, le secteur du palais,
entouré par les quartiers d’habitations très fortement
organisés socio-culturellement.
En vertu d’une logique distributive exigée par
l’empereur, Le Blond tracera des barres de logements en L,
et répétera ce motif ordonné autant de fois que nécessaire.
Le rayonnement des travaux de Le Nôtre en Europe, à cette
époque, a sûrement beaucoup joué dans le choix de l’ «
urbaniste » et sur le projet lui-même. A.Corboz (1) souligne
que « Le jardin à la française est un fabuleux modèle et il
n’est pas étonnant que Versailles ait fasciné les puissants,
car il ne propose pas seulement une rationalité, une
composition formelle purement pratique, il est aussi d’une
grande richesse symbolique »
Washington, une ville qui cache la forêt
80 ans plus tard, en 1790, le major et architecte Pierre
Charles L’Enfant propose un plan pour
la nouvelle capitale du jeune Etat fédéral, regroupant alors
13 Etats. Donner à la nation américaine une capitale
n’est pas une mince affaire. Entre 1774 et 1800, elle a
changé onze fois de siège.
Afin de calmer les susceptibilités que peut entraîner le
choix d’un lieu aussi symbolique, certains proposèrent le
principe d’une capitale itinérante. Mais,
un lieu neutre, inhabité, finit par
faire consensus : une colline entre le Maryland et la
Virginie. Washington était né.
Le projet de L’Enfant concerne 24 km², il imagine que 500
000 personnes viendront y vivre rapidement. (aujourd’hui, la
ville compte 640 000 hab.). Rien n’est trop grand pour le
nouveau monde.
Une étude trop succincte du projet,
classe Washington dans la catégorie : villes régulières,
avec un plan orthogonal devenu un classique des villes
étasuniennes.

Le Capitole, perspective de la
Maison Blanche
En fait, l’organisation urbaine
proposée se calque sur les principes des plans des forêts de
chasse en France. Le contexte très boisé du site se prête
aisément à cette expérience. Les organes du pouvoir, hormis
le judiciaire, se font face à chaque bout d’une grande
artère. La Maison Blanche et le Capitole, ainsi liés,
diffusent chacun un « rayonnement » d’avenues dans toute la
ville.
Aujourd’hui, le caractère naturel du projet a été fortement
altéré par la poussée de développement urbain.
Plan masse du projet de L’Enfant
