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Annexes sur :
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les
villes en étoile,
-
les "circulades",
-
Sauvetés et castelnaus
| |
Briançon, ville neuve
Elisabeth Sauze
conservatrice du patrimoine. Inventaire. Région
Provence-Alpes-Côte-d’Azur
elisabeth.sauze@culture.gouv.fr
La trame orthogonale du plan de Briançon, d’autant plus étonnante qu’elle se
déploie sur un site en forte pente, a été successivement considérée comme un
héritage du
vicus antique et comme une
conséquence des reconstructions qui ont suivi les incendies de 1624 et de
1692. Divers témoignages permettent de situer l’agglomération antique dans
le quartier rural du Léorat et l’étude de plusieurs pièces des archives
communales confirme que le parcellaire existait tel que nous le voyons au
milieu du XIVe siècle. La ville correspond en fait à un bourg marchand créé
entre 1196 et 1228 en contrebas du
castrum perché sur le sommet.
The orthogonal layout of the city of Briançon is astonishing when the city’s
location, on a steep mountain slope, is considered. This layout has been
seen as an inheritance of the antique
vicus or, alternatively, as a
consequence of reconstruction work which followed the fires of 1624 and
1692. Different sources allow us to locate the antique settlement in the
rural quarter of the Léorat. The examination of several documents held by
the municipal archives reveal that the pattern of land division that is
still legible today already existed towards the middle of the fourteenth
century. The city in fact corresponds with a market town created between
1196 and 1228 beneath the
castrum perched on the summit.
La
« plus haute ville d’Europe »
[1], comme s’intitule elle-même la petite cité qui domine, de ses 1345 m
d’altitude, le confluent de la Durance, de la Guisane et de la Cerveyrette,
étonne d’abord le visiteur par son site d’acropole, d’autant plus remarquable
que les autres villes alpines occupent plutôt des terrains moins accidentés,
plateaux, terrasses alluviales ou coteaux de faible inclinaison. A Briançon, il
s’agit d’un piton rocheux qui barre le verrou glaciaire à l’extrémité sud du
plus haut bassin de la Durance, immédiatement sous le col du Montgenèvre. Cette
position domine la cuvette de confluence, le meilleur terroir agricole du
Briançonnais, et contrôle l’un des principaux nœuds routiers du département, où
la grande route de Turin à Avignon, héritière de l’antique
via Domitia, bifurque à l’ouest vers
Grenoble (par le col du Lautaret) et vers la Savoie (par le col du Galibier), à
l’est vers le Queyras (par le col de l’Isoard)
(fig. n°1).
Le calcaire triasique du verrou de Briançon forme un gradin dans lequel
l’érosion glaciaire a découpé une série de bosses. La ville occupe la moins
élevée de ces bosses vers l’ouest, ses flancs est et sud tombent à pic dans la
gorge étroite de la Durance. Les autres versants rejoignent au nord le col qui
sépare le piton de la montagne de la Croix de Toulouse, à l’ouest le pied de
cette montagne au profil adouci jusqu’aux bords de la Guisane et de la Durance.
Délaissant le côté nord, étroit et inconfortable, et les côtés est et sud,
impraticables, l’agglomération s’étale, au milieu du côté ouest, sur une bande
de terrain grossièrement rectangulaire, limitée par deux ruptures de pente. En
amont, un glacis rocheux très abrupt sert de piédestal au fort, héritier de
l’ancien château delphinal, qui couronne le piton. Vers l’aval, les escarpements
du front bastionné des XVIIe et XVIIIe siècles ont remplacé un talus naturel,
qui surplombait jadis les jardins de la ville. Entre ces à-pics, le sol même de
la ville est loin d’être plat. Du nord au sud, la déclivité, à peu près
régulière, atteint 20 %. D’ouest en est, si l’on fait abstraction du remblai de
2 à 3 m d’épaisseur des bastions, elle reste faible (moins de 1 %) sur 80 à 100
m de largeur avant de remonter violemment vers le fort.
Sur
des pentes aussi vigoureuses, on pourrait attendre un plan en éventail, avec des
rues parallèles aux courbes de niveau, reliées par des traverses en escalier,
comme on en voit dans certaines agglomérations provençales. Il n’en est rien.
Briançon aligne ses rues selon une trame orthogonale dont l’axe principal
descend droit
[2] du nord au sud, parcouru sur toute sa longueur par un canal central
appelé Grande Gargouille. Seuls quelques îlots de la frange orientale, accrochés
aux pentes très brutales du fort, ont adopté un tracé marqué par le relief. La
bordure occidentale, formée d’un seul alignement de maisons interrompu en deux
endroits par la collégiale et par la rue Porte Méane, suit également la courbe
naturelle de la rupture de pente sur laquelle était jadis établi le mur
d’enceinte. A l’intérieur du périmètre ainsi défini, le parcellaire obéit à un
quadrillage, ordonné par trois rues presque parallèles et une dizaine de ruelles
transversales ou traverses (fig. n°2).
Ce plan régulier rompt avec les habitudes locales en matière
d’urbanisme - si l’on peut ainsi qualifier la rareté des agglomérations
planifiées du Briançonnais et d’une grande partie des Alpes du sud
[3]. Quelques-unes, comme Le Monêtier, trouvent un semblant d’organisation
dans la route qui les traverse et qui a suscité quelques alignements de maisons
mitoyennes. Partout ailleurs, villages et hameaux juxtaposent sans planification
apparente bâtiments, jardins et espaces de circulation. Le cas de Briançon pose
donc un problème : à quelle époque et dans quelles circonstances y a-t-on adopté
et mis en œuvre ce véritable plan d’urbanisme ?
Des auteurs qui ont traité de l’histoire de Briançon, les plus anciens,
comme Antoine Froment et Joseph Roman
[4], ont, volontairement ou pas, éludé la question. Le premier situe
expressément l’agglomération antique au nord de la ville, entre le cimetière et
les Salettes, avec un temple de Mercure à l’emplacement de l’actuelle place du
Temple, et rapporte que « il y en a qui tiennent que certain empereur, possible
Gratian, avoit du depuis fait changer ceste ville du Lieu-raz (ainsi ores
appellé et labourable, où voirement en fossoyant on trouve comme une ville
enterrée, des fondemens, grottesques et vieilles masures dans terre et des
anciennes médailles fort belles, mais de bas Empire), icy »
[5].
Plus récemment, dans sa thèse de géographie urbaine consacrée à
Briançon, Henry Petiot imagine un déplacement de l’habitat au début du Moyen Age
et la formation d’une nouvelle agglomération à cheval sur le Champ de Mars et
sur la partie de la ville actuelle située au nord de la place du Temple. Il
place la porte Méane (c’est-à-dire du milieu) à l’endroit où se trouve
aujourd’hui celle de Pignerol et trace les contours d’une enceinte fortifiée qui
laisserait à l’extérieur deux faubourgs, l’un sur le Champ de Mars, l’autre au
quartier de Castres, sous le château. Le remodelage du tissu urbain, amputé de
sa partie septentrionale et allongé vers le sud selon une trame orthogonale,
serait la conséquence de l’incendie de 1692, qui détruisit la totalité de la
ville. L’auteur établit même un rapport direct entre la reconstruction urbaine
et les travaux de fortification de Vauban
[6].
Enfin Jacqueline Routier, auteur d’une autre monographie consacrée à
Briançon, reprend avec quelques nuances la thèse de H. Petiot
[7]. Mais elle attribue la reconstruction à un plan régulateur qui aurait
été donné par le sieur de Peyrins, ingénieur, sur la demande du connétable de
Lesdiguières, gouverneur du Dauphiné, après l’incendie catastrophique de 1624.
L’enquête menée par le service régional de l’Inventaire a été
l’occasion de reprendre le problème de fond. Aucun des auteurs précités n’a
utilisé les archives de la ville, si ce n’est quelques pièces isolées de leur
contexte et détournées de leur signification. L’examen attentif des sources
permet pourtant de réfuter sans appel leurs hypothèses et de retracer avec
quelque détail l’évolution topographique de l’agglomération. L’ordre suivi par
cet examen est, conformément à la démarche de recherche, régressif. L’exposé qui
suit remontera donc le temps, depuis la reconstruction de 1692, dont nous avons
le résultat sous les yeux, jusqu’aux origines de l’agglomération.
Les reconstructions de la ville moderne
L’incendie de 1692
Le
26 janvier 1692, le feu prit - par malveillance, selon certaines rumeurs -
dans une maison à l’angle de la Grande rue et de l’actuelle rue du Pont
d’Asfeld. Propagé par un vent violent en moins de trois heures à l’ensemble
de la ville, il n’épargna rien. Nous le savons par un rapport d’expertise
dressé le 18 février 1692, dix jours après le début du sinistre,
c’est-à-dire dès qu’il fut possible d’approcher les ruines
[8]. Les experts ont parcouru chaque rue, décrit chaque maison en
indiquant sa superficie au sol, le nombre de ses étages et l’état de ce qui
en restait. L’extrême précision du document permet de reconstituer le
parcellaire de la ville (identique à celui que figure le plan cadastral de
1840), et de cartographier les dégâts occasionnés par le feu
(fig. n°3).
Ce que confirment les actes des notaires briançonnais relatifs à la
reconstruction
[9]. Ce que montre aussi la vue de Briançon peinte en arrière-plan du
tableau de saint Nicolas conservé dans la collégiale, peinture non datée
mais assurément antérieure à la destruction, quelques mois avant l’incendie,
de l’ancienne église paroissiale située hors les murs.
La ville avait alors
la même étendue qu’aujourd’hui, la même organisation interne et quasiment le
même volume, avec des maisons hautes de 4 à 7 étages. Quant aux modes de
construction, hormis les couvertures, où la tôle a remplacé le bardeau, ils
étaient ceux que l’on peut voir encore : maçonnerie de blocage enduit à
chaux et sable pour le gros œuvre (murs, voûtes des soubassements et des
rez-de-chaussée, escaliers à volées parallèles), charpente et plâtre pour
les cloisons et les planchers, charpente seule pour les hauts toits à
croupes qui continuaient à servir d’entrepôt pour le foin, la paille et le
bois nécessaire à la cuisine.
Il n’existe en revanche aucun plan d’alignement, aucun règlement
d’urbanisme destiné à guider la reconstruction et à modifier la structure de
la ville à cette date. Les ingénieurs du roi qui ont, à la même époque,
bouleversé les proches alentours en renforçant le front bastionné et en
détruisant la vieille église paroissiale n’ont pas touché au tissu urbain :
le plan de la ville n’est pas transformé à l’occasion de la reconstruction
qui suit l’incendie de 1692. Cependant les édiles ont, pour leur part,
essayé de reprendre l’élargissement des voies publiques préconisé après
l’incendie de 1624 et amorcé par leurs prédécesseurs. Avec un succès
mitigé : les modestes reculs obtenus ont dû être subventionnés
[10] et le résultat apparaît bien inégal, comme on peut en juger par un
rapport d’expertise de 1729 qui enregistre une variation de 7 pieds 4 pouces
à 10 pieds, loin des 12 pieds réglementaires, de la largeur de la rue du
Pont d’Asfeld derrière le couvent des Récollets
[11].
Il serait vain de chercher à mesurer l’impact de ces mesures de
réalignement en comparant les superficies des parcelles en 1840 (cadastre
napoléonien) et en 1692. En excluant les deux îlots de la bordure
nord-ouest, considérablement modifiés par l’insertion de la collégiale
[12], et trois îlots du quartier de Roche, affectés par d’importantes
démolitions, la superficie bâtie globale accuse en revanche, pour un nombre
de parcelles identique, une hausse de 5,5 % entre les deux dates. Cette
différence n’affecte pas également tous les îlots. Quelques-uns, en bordure
de la Grande rue, paraissent avoir rétréci dans des proportions très
inégales (de 3 à 12 %), alors que tous les autres ont grandi de manière tout
aussi inégale (de 1 à 18 %). La répartition de ces disparités suggère
l’utilisation, en 1692, d’un mode de calcul selon une « surface corrigée »,
qui tiendrait compte du nombre d’étages au-dessus du sol, plus important et
plus précoce le long des voies principales qu’ailleurs.
L’incendie de 1624
De l’incendie du 1er décembre 1624 qui anéantit les quatre cinquièmes
de la ville, nous avons des témoignages directs : témoignages officiels des
notables locaux et des commissaires députés par la Chambre des comptes du
Dauphiné
[13], témoignage spontané d’un habitant, Antoine Froment, alors étudiant
et promis à une carrière d’avocat au parlement de Grenoble
[14]. Le rapport des experts dressé quelques mois après, succinct et
globalisant, nous apprend peu de choses et les récits des témoins, malgré
leur prolixité, guère davantage. Tout juste savons-nous que le feu a épargné
deux îlots et la moitié d’un troisième entre la Porte de Pignerol, la Grande
rue et la place du Temple. On ne trouve aucune trace d’un plan régulateur
imposé par les autorités après la catastrophe. L’ordonnance rendue le 13
avril 1625 par le sieur de Peyrins, ingénieur mandaté par le connétable de
Lesdiguières, prescrit bien d’élargir la Grande Rue à 18 pieds (= 6 m) au
moins, la place du Temple à 4 toises (= 8 m) et les autres rues à 12 pieds
(= 4 m), mais n’évoque en aucune manière la création d’un quartier nouveau
ou la refonte du plan de l’agglomération
[15]. De plus ce texte n’a jamais été appliqué : la largeur de la Grande
rue varie actuellement de 2,25 à 3,50 m, celle des autres rues de 1,50 à 3
m, celle des traverses de 1 à 2,50 m. En vain les consuls ont-ils tenté de
faire respecter les alignements prescrits à des propriétaires qui
n’entendaient pas perdre un pouce de terrain. Le 17 mai 1625, Jean Colaud,
notaire et arpenteur, constate deux infractions. L’une d’elles concerne la
maison qui fait l’angle de la ruelle du Temple (actuelle rue du Docteur
Vagnat) et de la rue du Temple (actuelle rue Commandant Carlhan). L’édifice
n’a subi qu’un léger dommage à la toiture. Son propriétaire, le marchand
Hippolyte Blais, a fait réparer avant même la publication de l’ordonnance et
n’entend pas refaire des élévations intactes. Une sentence judiciaire rendue
le 3 juillet suivant lui donne tort du côté de la rue, mais raison du côté
de la ruelle. En 1632, Claude Monnier, nouvel acquéreur de l’immeuble, se
voit sommé d’opérer le recul (qui n’a donc pas été fait) de la façade du
côté de la rue, mais aussi du côté de la ruelle à l’occasion de la
reconstruction entreprise par son voisin. Les consuls semblent, dans cette
affaire, avoir fini par l’emporter moyennant une importante compensation
financière
[16]. Mais pour une cause gagnée, combien de perdues ! A la même date,
Jean Jordan, procureur au baillage, reconstruit sa maison de la Grande rue
en respectant l’alignement demandé, mais refuse de la céder pour ouvrir une
nouvelle rue qui prolongerait la ruelle du Temple vers le château
[17]. Cette rue ne sera jamais réalisée. Mais une autre a été percée
près de l’hôpital, pour relier plus commodément la Grande rue au couvent des
Cordeliers.
En fait, le faible nombre des litiges documentés montre que les consuls
de Briançon n’ont pas dû dépenser beaucoup d’énergie pour obliger leurs
concitoyens à appliquer un règlement trop draconien. Le seul article
réellement exécuté de l’ordonnance de 1624 touche la suppression des étages
qui enjambent la rue
[18], des encorbellements et des avancées pratiquées, à l’origine, sous
des avant-soliers ou porches publics
[19]. Encore a-t-il fallu plusieurs décennies de patience. En 1650, le
lieutenant-gouverneur de la ville dénonce, entre autres infractions à la
réglementation contre les incendies que « quelques-uns ont des avancées à
leurs maisons tout à fait pourries et qui menacent ruines »
[20]. Jusqu’en 1692, la maison située à l’entrée de la Grande rue,
contre la Porte de Pignerol, gardera trois étages construits au-dessus de la
rue
[21].
Même si, à un endroit ou un autre, les édiles de Briançon ont réussi à
faire respecter le règlement de 1624, ces modestes reculs d’alignement n’ont
que peu contribué à la trame parcellaire actuelle. Celle-ci est, on va le
voir, beaucoup plus ancienne.
Le cadastre de 1539
Les archives n’ont pas gardé mémoire d’autres sinistres d’ampleur
comparable
[22].
Le
plus récent cadastre conservé date de 1539
[23](fig. n°4). Le cadastre
de 1539 a été confectionné et conservé avec un soin particulier. Il détaille
pour toutes les parcelles bâties, la superficie estimée au 1/12e de bâton
[24] près (soit 0,35 m²) et tous les confronts avec leur orientation. La
restitution du parcellaire est donc possible. La principale difficulté de
cette opération concerne les deux îlots du pied de la ville qui occupaient
l’actuelle place Médecin-général Blanchard, composés de jardins et de
petites maisons qui ont, dans le courant du XVIIe siècle, cédé la place au
couvent des ursulines. Les plans contenus dans les projets de refonte des
fortifications de la ville à partir de 1690
[25], à une époque où, à côté des bâtiments du couvent, subsistaient
quelques maisonnettes et des éléments de la voirie, ont ici fourni les
contours et les principaux axes du parcellaire. La superficie bâtie
intra-muros est dans l’ensemble plus importante qu’en 1692 de manière
globale, mais, dans le détail, on trouve quatre îlots densément occupés.
L’un d’eux, au quartier de Roche, comptait effectivement des jardins qui ont
été par la suite construits.
Pour
un autre, la différence pourrait provenir de la construction d’annexes en
cœur d’îlot, mais reste inexplicable pour les deux autres, sauf à supposer
des empiètements sur les rues adjacentes tout à fait contraires au règlement
de 1624. Pour tous les autres îlots, la moindre superficie bâtie en 1692,
très inégale, correspond probablement, au moins en partie, au réalignement
imposé ; mais elle atteint, dans plusieurs d’entre eux, notamment ceux de
l’auditoire de justice
[26] et de l’hôpital
[27], des proportions (jusqu’à 27 %) qui traduisent peut-être une prise
en compte des étages (fig. n°5).
En dehors de la ville close existent deux petits faubourgs, l’un sous
la porte Méane, formé de quelques maisons éparses, l’autre groupé devant la
porte supérieure, le Chastelet. Il faut renoncer à restituer ces deux
quartiers, qui ont été rasés à la fin du XVIe siècle lors de l’établissement
du front bastionné et dont il n’existe aucune représentation. Pour une
raison inconnue ils ont été omis sur la vue cavalière de Briançon dessinée
au milieu du XVIe siècle
[28], qui donne en revanche une image très nette, quoique schématique,
du bourg enfermé dans ses murs et traversé par la Grande Gargouille, du
château qui le domine et de l’église restée à l’écart, au bord de la route
du Montgenèvre.
Le cadastre de 1420-1431
Les
430 feuillets du registre établi entre 1420 et 1431
[29] - rédigés en latin - donnent peu de précisions dans la localisation
et la description des propriétés : nature des fonds schématisée à l’extrême,
aucune superficie indiquée, presque aucun nom de lieu, deux ou trois
confronts seulement, sans orientation, par parcelle. La valeur cadastrale,
proportionnelle à l’étendue de la parcelle, pallie l’absence de celle-ci
(fig. n°6).
Tel quel, le document autorise néanmoins une restitution du
parcellaire, qui présente peu de différences avec celui de 1539 si ce n’est
un découpage un peu moins serré et, sur la pente du côté du château,
davantage de jardins que de maisons. L’organisation des îlots et le réseau
viaire n’ont pas changé entre les deux dates, mais il est certain que le
bâti était, au XVe siècle, beaucoup moins haut. Les descriptions contenues
dans quatre actes de 1499, trois partages et un bail en location, nous
renseignent à ce sujet : une première maison, située entre la rue Mercerie
et le mur d’enceinte, derrière la halle, comprenait deux étages au-dessus du
rez-de-chaussée ; une deuxième, entre la Grande rue et la place des
Cordeliers, un rez-de-chaussée ouvert sur la place des Cordeliers (cellier)
et sur la Grande rue (boutique) et au moins un étage carré ; une troisième,
proche de la première, une étable et un cellier en rez-de-chaussée, une
cuisine et deux chambres au-dessus ; la quatrième, à l’angle supérieur de la
Grande rue et de la halle (actuel tribunal) avait deux étages sur le
rez-de-chaussée
[30]. Cet échantillon court, mais suggestif, permet de supposer que la
ville du XVe siècle ne dépassait pas deux à trois étages en élévation.
Le terrier de 1343-44
Il subsiste à Briançon des éléments d’un cadastre établi en 1343-44
dont le cadastre de 1420/1431 nous a transmis le sommaire et la date.
Le
fragment conservé contient les cotes de 12 propriétaires sur 171, par
surcroît presque tous logés dans les hameaux de Pont-de-Cervière et du
Fontenil, donc hors la ville
[31]. Les archives de la ville contiennent pour 1343 et 1344, des
reconnaissances de biens tenus sous la directe du dauphin et soumis au
paiement d’un cens
[32]. Bien que complets, ces textes ne fournissent que des données
partielles, en effet, la liste des propriétaires cités prouve que la
censive, à cette date, recouvrait à peine un tiers des maisons. On peut
encore glaner quelques informations dans les comptes trésoraires de 1344 à
1355
[33] et dans quelques résumés d’actes notariés entre 1330 et 1422
[34].
Il n’est pas question, ici, de dessiner, même schématiquement, le
parcellaire. En revanche, la confrontation des informations fournies avec
celles du cadastre de 1420/1431 montre une remarquable permanence du cadre
topographique. Le bourg de Briançon apparaît dans son entier, avec son mur
d’enceinte (barios
ou
Amparas) percé de trois portes (porta
Superior, porta Meana et porta Inferior), la Grande rue (Carreria)
jalonnée par trois fontaines ou
tourons, la rue Méane (Rua
Meana). Les quatre quartiers de la ville sont là : le quartier de
Roche (de
Rupe), ainsi nommé parce qu’il s’accroche au bas du versant le plus
abrupt et le plus rocailleux du piton ; le quartier alors appelé du Serre (de
Serro), qui prendra peu de temps après le nom de Castre à cause de sa
situation immédiatement sous le
castrum et où se trouve le Son du
Serre, petit beffroi destiné à sonner l’alarme ; le quartier du Temple(de
Templo), qui doit son nom à l’ordre militaire qui y posséda une
maison
[35] ; le quartier des Merceries (Mercerias),
où se dresse la halle du marché (domus
mercati ou
domus fori). On peut aussi localiser
le four, la maison delphinale (Curia,
domus ponderis) où sont exposés les étalons des mesures légales, la
casana ou maison des banquiers
lombards, une maison dite
la Chabraria. La ville est pleine
et, déjà, quelques maisons occupent les abords de la porte supérieure. En
dépit des lacunes et des imprécisions, l’agglomération ressemble trop à
celle de 1420/1431 pour qu’on puisse imaginer, en l’espace de moins d’un
siècle, des modifications profondes de sa structure. Les seuls travaux
d’envergure concernent, en 1345, le canal appelé la Grande Gargouille, qui,
dérivé de la Guisane, avait pour principale fonction la lutte contre les
incendies urbains
[36] et, dans les années 1380, le couvent des cordeliers, installé au
quartier de Roche.
La conclusion s’impose : le plan régulier de Briançon ne vient pas d’un
développement ou d’une refonte modernes, il existait déjà au milieu du XIVe
siècle.
Aux origines de Briançon
La ville antique
L’idée
a été avancée par quelques-uns que le plan de la ville aurait gardé des
traits du carroyage antique (fig. n°7).
On trouve effectivement mention de Brigantio ou Brigantium dans les ouvrages
des géographes (Strabon, Ptolémée, Ammien Marcellin), dans les itinéraires
(gobelets de Vicarello, Itinéraire d’Antonin, table de Peutinger, itinéraire
de Bordeaux à Jérusalem), dans les inscriptions de la Turbie et de Gap
[37]. De ces nombreuses attestations il ressort que la localité,
chef-lieu d’une peuplade indigène (les Brigiani) soumise au Ier siècle,
constituait une étape importante dans la traversée des Alpes par la route du
Montgenèvre, alors la plus fréquentée. Le toponyme, assez répandu en
Provence, dérive d’une racine *br-ek d’origine ligure
[38], passée en gaulois, et suggère l’existence d’un habitat fortifié
antérieur à la romanisation.
De celui-ci, sans doute perché sur le piton qui couronne la ville, les
constructions médiévales et modernes ont depuis longtemps fait disparaître
la trace. Le sol de la ville, en contrebas, n’a jamais livré le moindre
vestige. Il faut donc vraisemblablement chercher le vicus, cité par Strabon
et devenu dès le Ier siècle un municipium, au nord de la ville, sur le
coteau que surplombe la Croix de Toulouse, entre l’épaulement du fort des
Salettes
[39] et le cimetière. Cette zone agricole en pente douce, abritée du
vent et traversée par la route du Montgenèvre, répond bien aux critères de
sélection de l’époque en matière d’habitat. Mal connu faute de véritable
fouille, l’habitat doit sa localisation à des découvertes fortuites déjà
anciennes. Dans la première moitié du XVIIe siècle déjà les substructions et
le matériel exhumés par les labours avaient attiré l’attention
[40]. On peut rappeler la mise au jour en 1900 de l’hypocauste d’un
établissement de bains et, plus récemment, des restes de constructions et
d’une nécropole
[41]. La toponymie confirme cette interprétation. Avant d’être appelé le
Léoura (du provençal laourat = labouré) au début du XVIe siècle, l’endroit
répondait à plusieurs dénominations expressives : les Salettes (du bas-latin
d’origine germanique sala = habitation), les Mures (du latin murus = mur),
le Vas Nerviou (= le tombeau d’Arvieux, peut-être un mausolée ou un
sarcophage)
[42].
Le castrum
Dans la seconde moitié du IVe siècle, Ammien Marcellin qualifie
Briançon de castellum. L’ancien oppidum, comme beaucoup d’autres à cette
époque, a dû être réoccupé, au moins temporairement. La présence, sur la
bordure occidentale du Léoura, de l’ancienne église paroissiale Notre-Dame
(dans l’actuel cimetière) plaide cependant en faveur d’une occupation
prolongée et simultanée du vicus. Avant la construction de la collégiale,
les Briançonnais devaient, pour assister aux offices, sortir de la ville et
traverser le Champ de Mars sur environ 200 m. Cette église, détruite en 1692
dans le cadre des travaux de fortification de la place, était un édifice
composite d’environ 35,5 m de longueur et 22 m de largeur hors œuvre
[43]. Les étapes connues de sa réalisation se situent entre 1345 (le
porche) et 1611 (le clocher-tour), mais l’emplacement et, peut-être, une
partie des fondations, sinon des murs, remontaient vraisemblablement
beaucoup plus haut dans le temps, à l’époque où le vicus était encore habité
(Ve-VIe siècle ?).
Il faut, à cet égard, écarter trois actes du cartulaire du chapitre
d’Oulx
[44] qui ont été invoqués pour dater de la fin du XIIe siècle la
construction de l’église Notre-Dame. Il s’agit de l’autorisation donnée en
1196 aux chanoines, qui se plaignaient de l’éloignement de la paroisse par
temps de neige, de construire près de la porte du castrum, dans une maison
leur appartenant, une autre église avec un cimetière
[45]. Joseph Roman et Jacqueline Routier n’ont pas hésité à voir dans
ces textes l’origine de l’église jadis située devant la ville et à
rechercher la paroisse originelle beaucoup plus loin en direction de
Montgenèvre, au lieu-dit le Pilon
[46]. Cette interprétation des textes suscite pourtant bien des
difficultés : pourquoi l’édifice primitif aurait-il été bâti si loin de
l’agglomération ? Comment aurait-il pu disparaître sans laisser le moindre
souvenir dans la toponymie locale, pourtant bien connue à partir du milieu
du XIVe siècle ? Pourquoi aurait-on bâti la nouvelle église à 200 m de la
plus proche porte de la ville et non à côté de celle-ci ?
L’autorisation de 1196, en fait, ne prévoit nullement le transfert du
sanctuaire paroissial, mais seulement l’érection d’une succursale
occasionnelle dotée exclusivement du droit de sépulture. Il n’est pas
question d’empiéter sur les droits des autres églises, c’est-à-dire la
paroisse et les chapelles annexes qui existent déjà dans certains hameaux
éloignés
[47]. La plainte des chanoines ne porte pas seulement sur la distance,
mais aussi sur la difficulté - la pente - du chemin qui relie l’église au
castrum. Par ailleurs, l’emplacement prévu, près de la porte, touche la
maison canoniale et se situe donc à l’intérieur de l’enceinte castrale.
L’agglomération en cause, où les chanoines ont leur résidence à cette date
[48], n’est évidemment pas la ville actuelle qui n’existe pas encore.
C’est l’habitat fortifié, le castrum, qui s’est développé autour de la
résidence delphinale, sur le sommet du piton, et qui oblige les clercs à
effectuer un parcours deux fois plus long et infiniment plus ardu.
Les premières mentions de ce castrum datent du milieu du XIe siècle
[49]. La fortification et la seigneurie sur cette région de très haute
montagne appartiennent alors aux Guigues, ancêtres des dauphins, qui ont
fait de Briançon l’un de leurs principaux points d’appui. On ignore si leur
château continue le castellum du IVe siècle. Le seul texte antérieur au XIe
siècle, le testament du patrice Abbon rédigé en 739, ne nous fournit pas le
moindre indice en évoquant des propriétés agricoles dispersées dans le pagus
Briantinus et la vallis Briancione
[50]. Jusqu’à l’extinction de leur dynastie, les comtes-dauphins ont
souvent séjourné ici et leur résidence, relayée à partir du XVe siècle par
celle des châtelains, puis des gouverneurs militaires de la place, a
progressivement accaparé la plate-forme sommitale avant d’être rasée en 1841
pour faire place aux bâtiments militaires qu’on y voit aujourd’hui. Le
procès-verbal d’une visite effectuée en 1339 nous montre l’édifice composé,
à l’intérieur d’une enceinte longue de 245 m, d’une grande tour isolée au
centre de sa basse-cour, d’une chapelle dédiée à saint Etienne et de
plusieurs corps de logis et bâtiments de service qui donnent à l’ensemble
l’allure d’une petite ville. Le castrum , séparé du bourg par tout le
versant abrupt du piton, a pour accès, un chemin qui monte, à l’abri d’un
mur crénelé, depuis la route du Montgenèvre
[51]. Il n’y a pas lieu de s’étonner de l’exiguïté de l’habitat
fortifié. A cette date, déjà, la population rurale vivait dispersée dans des
hameaux sur le vaste territoire qui englobait les actuelles communes de
Puy-Saint-Pierre, Puy-Saint-André, Villard-Saint-Pancrace, Cervières et une
partie de celle de Val-des-Prés
[52]. Le castrum ne regroupait, autour du dauphin, qu’une clientèle
restreinte d’hommes d’armes et d’administrateurs, le clergé paroissial et,
peut-être, quelques artisans. Le commerce et le roulage étaient très réduits
depuis le détournement du trafic routier par le Mont Cenis, mieux surveillé
et plus commode pour des voyageurs et des marchands venus de France.
La chapelle Saint-Etienne serait-elle la succursale autorisée par le
pape en 1196 ? Elle ne figure pas sur la vue cavalière du milieu du XVIe
siècle déjà citée. Elle paraît correspondre, par ses dimensions, à la
chapelle qu’on voit sur le plan de Langrogne du 14 août 1691
[53]. Mais la situation de celle-ci au centre de l’enceinte, devant la
tour, ne convient pas. Il s’agit plus probablement de la capella castri que
mentionnent un acte de 1118
[54] et l’inventaire mobilier du château en 1391 sous le vocable de
Sainte-Catherine
[55]. Il est aussi possible que l’autorisation délivrée en 1196 n’ait
jamais servi, faute, pour les chanoines, d’avoir su convaincre ou obliger
les habitants de Briançon à faire les frais d’un nouveau sanctuaire, ou
encore que l’édifice construit n’ait eu qu’une existence éphémère.
Le bourg Jusqu’au XIIIe siècle, les textes - peu nombreux, il est vrai - ne
parlent que du castrum, sans faire la moindre allusion à une autre
agglomération. Le burgus apparaît en 1228, dans le testament d’un prêtre,
héritier d’un lignage de notables qui tint pendant quelques décennies la
perception des dîmes de Briançon, d’où son patronyme, Desmier ou Deimier.
Parmi les biens légués, on mentionne des droits sur une maison
[56], dans le bourg, près de la porte inférieure.
La naissance du bourg
qui correspond à la ville que nous avons étudiée plus haut, en contrebas du
site du castrum, se situe donc probablement entre 1196 et 1228.
Cette brusque apparition et la régularité (relative) du plan conduisent
à considérer la ville actuelle de Briançon comme une ville nouvelle,
développée à l’occasion d’une unique opération d’urbanisme à côté d’une
occupation préexistante, probablement pour stimuler le développement des
activités commerciales dans un secteur géographique consacré jusqu’alors
principalement à l’agriculture et à l’élevage. Ni les archives delphinales,
ni celles de la ville n’ont gardé trace d’une charte de fondation et
l’opération d’urbanisme pourrait être de peu antérieure à 1228. En effet, la
charte de franchise octroyée le 6 octobre 1244 par Guigues VIII encourage
tous ses sujets libres à venir s’installer infra castellum et burgum
Brianzonii, avec toutefois interdiction de former des associations autres
que commerciales
[57].
Cet aspect de la politique des dauphins de Viennois, qui ont, au fil
des siècles, réussi à faire une principauté d’une région disparate et sans
unité, n’a pas été suffisamment souligné par les historiens de la province
[58]. Il y a pourtant, dans les Alpes du sud, d’autres exemples de
bourgs à plan quadrillé et vocation marchande, comme Guillestre dans le
Queyras voisin.
De multiples textes attestent le succès de l’entreprise et le
développement concomitant du bourg et des institutions communales. La
communauté des habitants n’a pas encore de représentant permanent
lorsqu’elle reçoit, en 1287, du dauphin Humbert Ier un règlement de police
municipale, mais en 1292, son syndic et ses procureurs négocient avec le
prévôt d’Oulx et le dauphin la cession perpétuelle de la perception des
dîmes. De 1316 à 1343, on suit les progrès de l’organisation communale à
travers les nombreuses chartes de franchise concédées par les dauphins
successifs réaffirmant les mêmes droits
[59]. Les seules impositions dont les habitants n’aient jamais obtenu
l’exonération ou la réduction concernent le commerce. Péages et droits de
marché devaient rapporter gros, surtout à l’époque où l’installation de la
papauté en Avignon regonfla le trafic au col du Montgenèvre et offrit aux
Briançonnais des débouchés nouveaux pour les produits de leur élevage. Le
cadastre de 1420/1431 permet de mesurer les effets d’un siècle de croissance
urbaine, sans doute interrompu par la récession qui a suivi le retour de la
papauté en Italie et les troubles politiques et économiques de la fin du
XIVe siècle. Non seulement la zone lotie, quadrillée par le réseau
orthogonal des rues principales et des traverses, a été intégralement et
densément bâtie, mais, faute de place, les habitants ont d’abord colonisé
les pentes incommodes des quartiers de Castre et de Roche, dont les plus
hautes maisons comportent jusqu’à quatre étages de soubassement, puis édifié
de petits faubourgs hors les murs, surtout près de la Porte de Pignerol, aux
abords du champ de foire, et, dans une moindre mesure, près de la Porte
Méane.
Briançon n’est donc pas un bourg ordinaire, né plus ou moins
spontanément à la porte d’un castrum, le long d’une route ou autour d’une
église, mais une agglomération nouvelle créée de toutes pièces et dessinée
par la volonté conjointe d’un groupe d’hommes. Ce que l’on appelle
aujourd’hui Briançon-Vauban, en l’honneur d’un homme célèbre, mais bien peu
présent dans l’histoire de la ville, est certes resserré dans le cadre d’une
fortification de l’époque moderne, mais est aussi, peut-être surtout, une
ville nouvelle du Moyen Age.
Table des illustrations
Fig. 1 - Briançon. Vue aérienne de la ville. Phot. Inv. M. Heller ©
Inventaire général, ADAGP, 1992.
Fig. 2 - Plan de la ville de Briançon et de ses abords d’après le plan
cadastral de 1975. Plan N. Pégand-E. Sauze © Inventaire général, ADAGP,
2005.
Fig. 3 - Briançon. Restitution du parcellaire urbain d’après le rapport
d’expertise de 1692. 1. Porte de Pignerol. 2. Porte de France. 3. Porte de
Provence. 4. Tour de l’horloge. 5. Tribunal. 6. Halle. 7. Couvent des
Ursulines. 8. Bailliage. 9. Hôpital. 10. Ecole. 11. Chapelle des Pénitents.
12. Couvent des Cordeliers. 13. Son du Serre. Plan N. Pégand-E. Sauze ©
Inventaire général, ADAGP, 2005.
Fig. 4 - Briançon. Restitution du parcellaire urbain d’après le cadastre de
1539. 1. Porte supérieure. 2. Porte Méane. 3. Porte inférieure. 4. Tribunal.
5. Four. 6. Grande halle. 7. Petite halle. 8. Poids du Roi. 9. Son du Serre.
10. Couvent des Cordeliers. 11. Chapelle. Plan N. Pégand-E. Sauze ©
Inventaire général, ADAGP, 2005.
Fig. 5 - Vue cavalière de Briançon au milieu du XVIe siècle, dessin à la
plume. Archives départementales de l’Isère, cote J. 500.
Fig. 6 - Briançon. Restitution du parcellaire urbain d’après le cadastre de
1420/1431. 1. Porte supérieure. 2. Porte Méane. 3. Porte inférieure. 4.
Maison des poids. 5. Four. 6. Tribunal. 7. Halle. 8. Grenier à blé. 9.
Hôpital. 10. Couvent des Cordeliers. 11. Son du Serre. Plan N. Pégand-E.
Sauze © Inventaire général, ADAGP, 2005.
Fig. 7 - Briançon. Le château et la ville vus du fort des Salettes, au
nord-est. Phot. Inv. M. Heller © Inventaire général, ADAGP, 1988.
Notes
1 - On trouve cette
affirmation déjà chez Antoine Froment, avocat au parlement du Dauphiné
et auteur d’un récit de l’incendie de la ville en 1624.
Essais... sur l’incendie de sa patrie la
plus haute des villes. Préface et notes par A. Albert. Grenoble :
imp. Edouard Allier, 1868.
2 - Ou presque : l’extrémité
nord, sur 35 m de longueur, accuse une légère déviation vers l’est pour
aboutir à la Porte de Pignerol.
3 - Toute la zone de haute
montagne, sauf exceptions et sauf le massif du Mercantour, à l’extrémité
sud, où les villages sont des groupements compacts de type
méditerranéen.
4 - ROMAN, J.
Tableau historique du département des
Hautes-Alpes. Paris-Grenoble, 1887, p.3-9 ;Répertoire
archéologique du département des Hautes-Alpes. Paris, 1888, col.
22-26.
5 - FROMENT, A.
Essais ... sur l’incendie de sa patrie
la plus haute des villes. Préface et notes par A. Albert.
Grenoble : imp. Edouard Allier, 1868, p. 211.
6 - PETIOT, H. Briançon,
esquisse de géographie urbaine.
Revue de géographie alpine. 1921,
p. 341-456 ; les travaux de fortification, commencés en fait par
Langrogne en 1691, ont été poursuivis par ses successeurs, parmi
lesquels Vauban n’occupe qu’une place assez réduite.
7 - ROUTIER, J.
Briançon à travers l’histoire.
Gap, 1981, p. 108-109, 157-159, 163-166.
8 - AC. Briançon, DD 97,
cahier de 79 pages numérotées.
9 - AD Hautes-Alpes, 1 E 1176
et 1177 (Noël Cheronnier), 1 E 1204 (Antoine Colaud), 1 E 1021 à 1024
(Antoine Brunicard).
10 - Par exemple en 1719,
allocation de 40 livres à Louis Didier, obligé de reculer de 3 pieds la
façade de sa maison sur la rue du Temple reconstruite l’année
précédente, AC Briançon, DD 61.
11 - AC Briançon, DD 59.
12 - Les deux îlots
formaient en 1692 un seul alignement ; sept maisons du centre (celles
qui bordaient au nord la place du Temple) furent détruites pour faire
place à la collégiale construite entre 1703 et 1718.
13 - AC Briançon, DD 95.
14 - FROMENT, A.
Essais ... sur l’incendie de sa patrie
la plus haute des villes. Préface et notes par A. Albert.
Grenoble : imp. Edouard Allier, 1868 ; le récit, truffé de citations
latines et grecques et de longues digressions sur l’histoire et les
coutumes locales, se poursuit par une chronique des épidémies et autres
événements malheureux qui ont frappé le Briançonnais dans le 2e quart du
XVIIe siècle.
15 - AC Briançon, DD 59,
pièce 4.
16 - AC Briançon, DD 59 ;
l’autre côté de la ruelle n’a jamais été modifié, puisqu’on y voit une
élévation datée 1574.
17 - AC Briançon, DD 59 ;
l’autre côté de la ruelle n’a jamais été modifié, puisqu’on y voit une
élévation datée 1574.
18 - Les édiles n’ont pas
attendu cette date pour essayer d’obtenir la suppression des passages
couverts ; témoin un procès-verbal dressé le 27 juin 1614 par les
consuls, qui constatent l’existence d’un « cabinet de me Jan Martin
traversant le dessus de la rue du derrière des alles », dont l’ombre
favorise la formation du verglas, et ordonnent sa démolition, AC
Briançon, DD 59.
19 - A titre d’exemple, la
plainte déposée le 5 juin 1437 par les syndics contre divers
particuliers riverains de la Grande rue, à cause des arcades, étals et
piliers qui rétrécissent l’espace public à tel point que les animaux
chargés peuvent à peine passer, AC Briançon, DD 57.
20 - AC Briançon, DD 60.
21 - Maison de Marie
Clavière, qui intente procès en 1652 à son voisin pour l’obliger à
réparer le mur sur lequel reposent ses étages, AC Briançon, DD 60.
22 - Hormis un incendie qui
ravagea en 1619 une partie du quartier de Roche ; le feu était pourtant
depuis toujours une préoccupation majeure, motif d’un règlement de
police rigoureux, de contrôles annuels des cheminées, de gardes
spéciales en temps de foire, de la construction du beffroi et du canal
de la Grande Gargouille en 1345.
23 - AC Briançon, CC 521.
Après cette date, on ne trouve plus que des « muanciers » ou registres
de mutations, d’utilisation très difficile. Il y eut pourtant au moins
un autre cadastre, rédigé en 1626, dont on n’a conservé que le
répertoire, AC Briançon, CC 517.
24 - Le bâton, mesure locale
utilisée avant l’adoption de la toise delphinale, valait 4,80 m².
25 - Service Historique de
l’Armée de Terre, archives du Génie, Briançon, carton 1, en particulier
le
Nouveau projet de fortiffication pour
la ville de Briançon du 24 aoust 1700 et un plan particulier du
Front des religieuses (jardin
des Ursulines) daté de 1717.
26 - Aménagé en 1688 dans
l’ancienne maison Ollagnier, AC Briançon, DD 118.
27 - Construit en 1635-1636
à l’emplacement de trois maisons, AC Briançon, H 497.
28 - AD Isère, J 500.
29 - AC Briançon, CC 520.
Les onze premiers feuillets, détériorés par l’usure, ne contiennent plus
que quelques lambeaux de texte. Du moins les noms des propriétaires
manquants sont-ils connus par la liste donnée en fin de volume.
30 - AD Hautes-Alpes, 1 E
2112, protocole du notaire Paulet Gondret (seul registre conservé
antérieur à la fin du XVIe siècle), f° 81 v°, 142 v°, 167, 170 v°.
31 - AC Briançon, CC 520.
32 - AC Briançon, CC 511 et
512.
33 - AC Briançon, CC 1.
34 - A.D. Isère, B 3701,
4413 et 4414.
35 - Un état des droits du
dauphin dressé en 1265 mentionne les parts
quas capiunt dicti Templum et domus
Ulcii in pedagio et leyda, A.D. Isère, B 3700, f° 41 v°.
36 - AC Briançon, DD 26.
37 - Cf. ROMAN, J.
Dictionnaire topographique du
département des Hautes-Alpes. Paris, 1884, p. 21, et surtout
BARRUOL, G.
Les peuples préromains du sud-est de la
Gaule, étude de géographie historique. Paris, 1969, p. 74-75.
38 - Briençon, village
déserté sur l’actuelle commune d’Authon (Alpes-de-Haute-Provence),
Briançonnet (Alpes-Maritimes), Brégançon, autre village déserté sur
l’actuelle commune de Bormes (Var). Cf. ROSTAING, Charles.
Essai sur
la toponymie de la Provence (depuis les origines jusqu’aux invasions
barbares). Marseille : Ed. d’Artrey, Laffitte reprints, 1973.
39 - Ce fort, construit au
XVIIIe siècle, perpétue le nom médiéval du quartier ; ce toponyme,
fréquent en Provence, désignait à l’origine des habitations.
40 - FROMENT, A.
Essais ... sur l’incendie de sa patrie
la plus haute des villes. Préface et notes par A. Albert.
Grenoble : imp. Edouard Allier, 1868, p. 211.
41 - D’après les données de
la Carte archéologique, base Patriarche du Ministère de la Culture.
42 - Toponymes cités dans
les cadastres de 1539 (AC Briançon, CC 521), de 1420-1431 et de 1344 (AC
Briançon, CC 520) et dans le censier de 1344 (AC Briançon, CC 512).
43 - Elle comprenait un
chœur, formé d’une abside pentagonale et d’une travée droite voûtées
d’ogives, une longue nef charpentée, deux séries de chapelles latérales,
un porche et un clocher-tour.
44 - Propriétaire et
gestionnaire depuis le XIe siècle de la quasi totalité des églises du
Briançonnais.
45 - COLLINO, G.
Le carte della prevostura d’Oulx…
Pinerolo, 1908, p. 211-213.
46 - ROUTIER, J.
Briançon à travers l’histoire.
Gap, 1981, p. 111.
47 - Ces chapelles
apparaissent pour la première fois en 1158, dans la pancarte d’Adrien IV
(COLLINO, G.
Le carte della prevostura d’Oulx…
Pinerolo, 1908, p. 143-145) ; elles ne figuraient pas dans la pancarte
précédente, donnée en 1148 par Eugène III (COLLINO, G.
Le carte della prevostura d’Oulx…
Pinerolo, 1908, p. 121-124).
48 - La demeure canoniale
s’y trouve encore au XIIIe siècle ; en 1221, un acte est passé
infra Ulciensem domum in Amparam
(COLLINO, G.
Le carte della prevostura d’Oulx…
Pinerolo, 1908, p. 253) ; un autre, en 1223,
infra turrim dominorum canonicorum
Ulciensis domus (COLLINO, G.
Le carte della prevostura d’Oulx…
Pinerolo, 1908, p. 257).
49 - COLLINO, G.
Le carte della prevostura d’Oulx…
Pinerolo, 1908, p. 5, 6, 11, 12.
50 - Cartulaires
de l’église cathédrale de Grenoble dits Cartulaires de Saint-Hugues.
Ed. J. Marion, Paris, 1869, p. 34-48.
51 - Cf. ESTIENNE, M.-P.,
NICOLAS, N.
Châteaux médiévaux des Hautes-Alpes.
Gap, 1999, p.141-142.
52 - Puy-Saint-Pierre et
Puy-Saint-André sont restés jusqu’au XIVe siècle rattachés à Briançon ;
Cervières et Villard-Saint-Pancrace sont dits
in confinio de Briançone en 1168
(COLLINO, G.
Le carte della prevostura d’Oulx…
Pinerolo, 1908, p. 159) ; la Vachette dépendait encore de la paroisse de
Briançon au début du XVIIe siècle.
53 - Musée des Plans-Reliefs,
n° 422.
54 - Confirmation générale
donnée par l’archevêque d’Embrun. COLLINO, G.
Le carte della prevostura d’Oulx…
Pinerolo, 1908, p. 100.
55 - AD Isère, B 1360, f°
10.
56 - « in
burgo Briançonii prope inferiorem portam ». COLLINO, G.
Le carte della prevostura d’Oulx…
Pinerolo, 1908, p. 284-285.
57 - C’est-à-dire à but
politique, comme les consulats alors actifs dans beaucoup de grandes
villes ; texte dans VAILLANT, P.
Les libertés des communautés
dauphinoises. Grenoble, 1951, p. 579-580.
58 - Cf.
L’Histoire du Dauphiné, dir. B.
Bligny. Toulouse, 1973 ;
Dauphiné, France, de la principauté
indépendante à la province (XII
e
-XVIII
e
siècles), dir. V. Chomel.
Grenoble, 1999.
59 - Dauphiné,
France, de la principauté indépendante à la province (XIIe-XVIIIe
siècles), dir. V. Chomel.
Grenoble, 1999, p. 54 à 60.
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